L’une des plus graves crises de l’histoire contemporaine

Ce que nous vivons actuellement est une des crises les plus graves que le monde ait connue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Rarement quelque chose a réussi à perturber la vie de milliards de personnes de façon aussi brutale, aussi rapide et à une échelle si globale. Même la crise économique de 2008 n’avait pas provoqué une mobilisation aussi soudaine des gouvernements du monde entier. L’humanité doit choisir entre la résilience de notre système économique et la survie de millions de personnes, et le choix, comme nous pouvons le constater aujourd’hui, est très différent d’un État à l’autre : d’un côté, ceux qui voudraient sauver tout le monde au détriment du PIB, de l’autre, ceux qui visent à s’arrêter juste assez pour pouvoir gérer l’urgence sans affecter l’économie (la Grande-Bretagne en tête). Tout cela se produit parce que la pandémie causée par le virus du SARS-CoV-2 est une crise fille de notre temps, fille d’un système économique mondialisé et hyperconnecté où les biens et les flux économiques circulent sans frontières et sans barrières à travers le monde, mais où paradoxalement ces frontières et ces barrières s’élèvent hautes et impénétrables lorsque vient le temps de faire preuve de solidarité entre les peuples et de collaborer face à un problème commun de cette ampleur. Une crise qui est le résultat d’un modèle de développement qui place le profit et le progrès (mais peut-on vraiment l’appeler ainsi ?) avant le bien-être des personnes et de notre planète, de notre maison commune. Une crise qui n’est que la manifestation d’un problème qui se développe à une échelle beaucoup plus longue et, malheureusement, encore plus grave. Nous parlons évidemment du changement climatique et de l’effondrement de nos écosystèmes, qui menacent réellement l’existence de toute l’espèce humaine et sont fondamentalement ignorés par les gouvernements, les multinationales et de nombreux citoyens qui continuent d’adopter un mode de vie non durable. La vérité est que nous nous dirigeons consciemment et rapidement vers le bord du précipice sans rien faire.

Mais il a suffi d’un virus dont la mortalité n’affecte en rien la survie de l’humanité pour que le monde se dérègle. Le coronavirus est un danger immédiat, et personne ne veut mourir, d’où le choix « difficile » entre la santé des gens et le PIB. Si tout s’arrête, le PIB ralentit, peut-être que nous entrons en récession: mauvais, très mauvais ! Et pourquoi est-ce mauvais ? Qui a dit cela ? Le PIB mesure-t-il vraiment notre niveau de performance ? Si les ventes d’armes diminuent, notre situation est-elle meilleure ou pire ? Et si la vente de médicaments diminue, cela signifie-t-il que nous sommes mieux ou moins bien lotis ? Et si, au lieu de consommer de l’essence en voiture, les transports publics s’amélioraient ? Nos gouvernants disent que des mesures d’urgence doivent être prises afin que le virus ne nous empêche pas de produire et de consommer encore plus et plus vite après la pandemie! Mais pourquoi ? Où allons-nous si vite ? Le but d’un être humain est-il d’augmenter un petit nombre appelé PIB ? Non, nous devons plutôt surmonter cette crise en réfléchissant profondément à ce que nous faisons et à l’orientation que nous prenons. Depuis des décennies, de telles questions sont soulevées, les environnementalistes parlent des problèmes de la mondialisation, mais le monde s’en fout tant que nous pourrons continuer à acheter une voiture, à changer de téléphone portable chaque année, à manger de la viande et des fruits exotiques tous les jours, ou peut-être à faire autant de voyages en avion que nouss le souhaitons pour échapper à notre monotonie quotidienne. Le trafic de marchandises est anormal, injustifiable compte tenu de la pollution que nous créons, et si nous continuons ainsi il n’y aura aucun espoir de revenir en arrière.

Système de transport mondial: Vert – routes; Bleu – réseaux maritimes; Rouge – réseaux aériens
Source de l’image:
https://sos.noaa.gov/datasets/human-transportation/

Arrêtez, ralentissez, évoluez

Le sens de la vie n’est pas de « Produire, consommer, mourir », mais de se consacrer à ce qui nous plaît, à l’affection, à la spiritualité, à la connaissance, et enfin au travail éthique et juste. Le travail n’est pas une fin mais un moyen, il ne doit pas ôter la vie aux gens, on ne peut pas travailler 8 heures par jour pendant 40 ans de sa vie, la vie n’est pas faite d’attentes interminables pour les deux semaines de vacances d’été. La solution consiste à travailler moins et à travailler tout, à produire moins et mieux.

Nous devons nous dé-mondialiser, nous devons agir pour que la production soit aussi localisée que possible et capable de créer un bien-être commun et partagé, sans provoquer la centralisation de la richesse et du pouvoir entre les mains de quelques-un.e.s et au détriment du plus grand nombre. Et nous devons agir encore plus tôt pour réduire la production, il est temps d’arrêter de produire des objets qui sont fondamentalement inutiles et conçus pour devenir inutilisables et obsolètes en très peu de temps. Le monde ne peut plus supporter cette folie, l’objectif du profit à tout prix doit être dépassé. En bref, nous devons évoluer et nous débarrasser des fausses idoles comme l’argent et le succès. Mais si l’idée de se dé-mondialisation est la voie à suivre, attention par contre à ne pas tomber dans des localismes nationalistes, où chacun ferme ses frontières, parce que cela est loin d’être souhaitable et encore moins une solution. Face à un problème planétaire qui nous concerne tou.te.s, seules la collaboration et l’entraide peuvent nous sauver.

La pandémie à laquelle nous sommes confrontés, avec le deuil et les effets en termes de pertes humaines qu’elle entraîne, est une drame. Mais le blocage des activités productives et commerciales et la perturbation des systèmes politiques et sociaux qu’il entraîne doivent être considérés comme un tournant unique, un interrègne qui devra nous conduire vers un nouveau système, un nouveau paradigme culturel, une nouvelle façon d’aborder la nature. En d’autres termes, un moment de révolte contre le système qui nous a menés jusqu’ici. La Nature est avant tout une multiplicité de phénomènes. Certes, nous avons besoin de définir des normes pour comprendre, catégoriser, classer ces phénomènes. Nous produisons des normes, des schémas mécaniques, parce que cela nous sert à comprendre et à maîtriser notre environnement. Le rôle de la politique, dans une démocratie horizontale, est précisément de prendre en compte toutes les multiplicités de situations, de phénomènes, auxquels nous sommes confronté.e.s, et qui sont à chaque fois singuliers. La politique, c’est la jurisprudence, c’est la prise en compte de la singularité de chaque situation, chaque événement. L’avenir de la révolte contre un système injuste n’est jamais donné d’avance, et encore moins donné par une loi naturelle. Nous nous révoltons, parce que la situation nous est insupportable, pour nous et pour tous les êtres qui habitent ce monde. Pendant et après les révoltes émergeront d’autres normes, d’autres schémas, qu’il faudra aussi combattre s’ils se révèlent aussi abjectes et insupportables que ceux qui nous oppriment aujourd’hui.

Ce virus est un avertissement, et il faut donc l’écouter : arrêtez, ralentissez, évoluez. Et une fois que nous l’aurons fait, les résultats seront clairs, limpides. Nous en avons déjà la preuve ces jours-ci : ces dernières semaines, le nuage de pollution qui recouvrait une grande partie de la Chine et du nord de l’Italie s’est réduit de manière drastique. Il est temps d’agir, si nous attendons, ce sera toujours la nature qui nous arrêtera tôt ou tard.

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